Chroniq’hebdo | De la douce France, des mots inutiles et de la poésie
Pierre Kobel
"Douce France
Cher pays de mon enfance
Berceau de tant d’insouciance
Je t’ai gardée dans mon cœur !"
Belles paroles du Fou chantant qu’était Charles Trenet, vision idyllique de notre beau pays. Cause toujours ! Voici ce qui arrive aussi chez nous et que me raconte une proche. Une de ses collègues, jeune femme noire originaire de l’Angola, est invitée par une amie à passer le week-end avec ses deux enfants dans la résidence secondaire de ses parents située dans la campagne auboise. Elles profitent du soleil pour se promener par les chemins environnants. Plus tard, le maire du village vient frapper à la porte parce qu’il a été alerté par plusieurs habitants de ces allées et venues et il voudrait savoir si la maisonnée n’habite pas des clandestins ! « Douce France… » que je vous dis.
*
Honte à l’humanité ! Pas à quelques-uns qui seraient plus responsables que d’autres. Moyen de se défausser de notre propre responsabilité de ce qui arrive en Ukraine, au Moyen-Orient, partout où les hommes s’étripent pour des raisons qui ne peuvent qu’être mauvaises. Et alors imbécile que je suis ! Je me fais plaisir avec mes objurgations, mais qu’est-ce que je fais de plus que d’écrire dans mes carnets ?
Je ne sais pas, je ne sais plus comment réagir à ces nouvelles qui m’agressent plus qu’elles me laissent accablé. Des mots, des mots de semaine en semaine comme un barrage contre le Pacifique, sans cesse détruit, sans cesse reconstruit. Jusqu’à quand ? Pourquoi ?
*
Je retourne à la poésie, à la vie associative, à un projet de revue en ligne pour donner la parole aux jeunes plumes, à ceux qui n’ont pas encore trouvé accueil, qui ont besoin de se frotter au lectorat. Oui je retourne à ces mots qui me réconcilient avec la société dans laquelle je vis, avec l’actualité brûlante. Je retourne à mes amis de l’APA dont l’enthousiasme et la persévérance donnent à espérer.