Printemps 2022

27 mars 2022

Brigitte Baudin

Devant les drames qui se jouent en Ukraine, on peine à profiter de ce début de printemps, mais on sait qu’il existe des ressources et que la littérature, sous toutes ses formes, en est une.

Je lis Au gré des jours de Françoise Héritier et je m’amuse à l’imiter sur mon grand cahier qui retrace les instants de ma vie qui me restent en mémoire. Elle reprend l’énumération de ces « moments de grâce » d’un précédent ouvrage, Le sel de la terre que j’avais découvert dans un cercle de lecture. Je l’ai offert à un de mes fils.

Alors, j’entame moi aussi, « à la manière de »…

Ouvrir la porte qui donne sur le jardin, observer les narcisses, le forsythia, les pissenlits, les boutons d’or, les ajoncs et les genêts et se dire que le printemps arrive toujours habillé de jaune, sourire en pensant à mon petit-fils, étendu sur le canapé, les mains sur les yeux et nous appelant : « J’suis caché », souffler en finissant par dégoter les deux collages que m’avait offert son cousin pour que je les fasse encadrer, regarder pour la énième fois le petit film sonorisé dans lequel mes petits-enfants glissent sur les pistes, rire en ré évoquant la scène imaginée par un ami : une table ronde rassemblant des dirigeants, le coude de l’orateur posé sur la table et la tête qu’il fait lorsque son coude glisse et qu’il doit retrouver le fil de son discours, le plaisir de partager les journaux de l’APA avec deux membres du club de lecture de La Rochelle qui me les avaient réclamés, partager avec l’un d’eux mon intérêt pour Romain Gary et discuter de la véracité de ses souvenirs, écouter ma belle-mère nous dire qu’elle se sent bien dans l’EHPAD de Limalonges, que le personnel est très gentil, que les repas sont délicieux, mais qu’elle regrette sa maison et sortir de la chambre légèrement rassurée, être attentive aux commentaires des personnes informées, nuancées que je retrouve régulièrement dans les émissions de Karim Risouli, admirer les initiatives de ceux qui aident, comme ils le peuvent, ceux qui en ont besoin, chausser mes tennis, prendre ma canne, sortir dans les bois pour une balade d’une heure et discuter paisiblement avec mon mari… J’y vais. À bientôt.

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